Joséphine Pithon, enseignante-chercheur au sein de l’UMR BAGAP ESA, a présenté ses travaux en vue de l’obtention de l’Habilitation à Diriger les Recherches spécialité « Sciences de la vie », le 12 mars 2021 à l’ESA, sur le thème suivant :

Effets de la quantité, qualité et configuration des habitats sur la faune et la flore sauvages dans des paysages sous forte influence humaine

Résumé

Les effets des activités humaines sur l’environnement mondial ont déclenché une sixième extinction de masse. En Europe, les données disponibles montrent que la destruction et la modification des habitats contribuent au déclin de la biodiversité, y compris de celle dite « ordinaire ». Dans ce contexte, mes recherches visent à éclairer les relations entre la qualité des habitats, leur quantité et leur configuration dans les paysages et la présence d’espèces ou de communautés d’oiseaux, d’insectes et de plantes. Mes résultats montrent une forte variation de la diversité faunistique ou floristique au sein de paysages a priori pauvres en biodiversité. Une première explication de cette variation est la qualité de l’habitat à l’échelle locale. Par exemple, j’ai montré que la structure d’un habitat forestier, même destiné à la production sylvicole intensive, pouvait présenter des opportunités pour des oiseaux ou bien que des habitats semi-naturels dans des vignobles pouvaient fournir des ressources locales pour des oiseaux nicheurs. Mais dans la plupart de mes travaux, j’ai cherché à limiter ou à simplement mesurer ces variations locales pour me focaliser plutôt sur des effets de contexte paysager sur la diversité biologique présente dans certains types de milieux gérés par l’homme. Principalement, ce sont les effets d’une modification de la proportion ou de la quantité d’habitat disponible à l’échelle de paysages qui ont été étudiés. J’ai ainsi constaté les fortes modifications des communautés d’oiseaux et floristiques en réponse à une augmentation de la proportion de bâti. Ou comment la proportion de vigne augmentant dans un paysage mixte (vigne, forêt, bâti, cultures) pouvait être corrélée à de fortes diminutions de diversité d’oiseaux. J’ai montré par ailleurs que les projets de reboisement projetés en Irlande, supposés apporter de la diversité, pouvaient au contraire générer d’importantes baisses de diversité s’ils n’étaient pas correctement planifiés. Ou encore, que l’augmentation de la quantité de prairies permanentes dans les paysages agricoles de l’ouest de la France ne pourrait pas être facteur d’augmentation de la biodiversité, sans la préservation ou l’amélioration des milieux boisés associés à ces espaces herbacés. A l’avenir, mon projet sera de continuer à travailler en collaboration avec des gestionnaires de terrain, qu’ils soient d’origine agricole, urbaine ou engagés dans la protection de la nature, pour approfondir la compréhension de ces liens entre la qualité de l’habitat, l’arrangement spatial des habitats et la répartition de différentes composantes de la biodiversité.

 

Jury

  • Madame Marianne COHEN, Professeur des Universités Sorbonne Université, Examinateur
  • Monsieur Marc DECONCHAT, Directeur de Recherche INRAE, Rapporteur
  • Monsieur Romain JULLIARD, Professeur Muséum Nationale d’Histoire Naturelle, Rapporteur
  • Monsieur Jean SECONDI, Maître de Conférences HDR Université d’Angers, Rapporteur
  • Monsieur Alexander WEZEL, Enseignant-Chercheur HDR ISARA Lyon, Examinateur
  • Monsieur Pierre PICOUET, Enseignant-Chercheur HDR ESA Angers, Membre Invité