GIngKo – Les Indications Géographiques comme patrimoine commun de connaissances. Réévaluation des modèles actuels de régulation et d’action collective dans le contexte des transitions agro-écologiques.
Ce projet, de 4 ans, piloté par l’UMR SADAPT (Armelle Mazé) et démarré en janvier 2023 regroupe 9 partenaires dont l’ESA d’Angers.
Contexte
Ce projet est centré sur l’étude du rôle potentiel des Indications Géographiques (IG) comme levier d’action pour favoriser les transitions agroécologiques (TAE) et les stratégies (re)-territorialisées vers des systèmes sociaux-écologiques (SES) plus durables, ceci dans les secteurs agroalimentaires. En France, la récente loi dite EGALIM (n° 2018-938 du 30/10/2018) a défini une feuille de route nationale pour favoriser des systèmes alimentaires plus sains, sûrs et durables. Elle stipule la nécessité pour les systèmes sous IG d’intégrer explicitement davantage de pratiques agroécologiques dans leurs cahiers des charges. Cependant, cette feuille de route ne définit pas de démarche pour y arriver, et les parties prenantes des systèmes IG sont confrontées à des défis socio-économiques majeurs pour évoluer vers des pratiques plus durables. L’USC GRAPPE est impliquée dans cette dynamique scientifique et développe des travaux plus spécifiquement focalisés sur les IG viticoles.
Objectifs du projet
L’objectif de ce projet est, en adoptant une analyse institutionnelle comparative (cadre IAD/SES) (Ostrom 2005, 2009 ; Anderies et al. 2004, Berkes et al. 2000 ; Ollivier et al. 2018), de faire progresser les connaissances actuelles sur les différentes stratégies développées par les IG en France pour intégrer des pratiques agroécologiques (modifications des cahiers des charges, des systèmes d’exploitation, co-certifications environnementales ou biologiques, etc.) et les défis socio-économiques spécifiques auxquels sont confrontés les IG pour des systèmes socio-écologiques plus durables. Il apparait qu’il existe des problèmes socio-économiques différents selon les territoires régionaux, en fonction de l’importance des IG et de la concurrence avec d’autres modèles de différenciation. En raison de leur ancrage territorial spécifique, les stratégies de développement à large échelle vers des pratiques plus agroécologiques peuvent avoir des effets non désirés sans un alignement approprié des règles de gouvernance, règles pour lesquelles une meilleure compréhension est encore nécessaire. Enfin, Les trajectoires agroécologiques sont limitées par l’organisation socio-économique spécifique des IG et l’ensemble des règles de régulation (juridiques, réglementaires, organisationnelles,…) au niveau national (INAO, ministère) et européen, ainsi que par les groupes collectifs locaux (ODG – Organismes de Gestion des IG) et leurs membres.
Le projet de recherche GIngKo est stratégique, aux niveaux scientifique et politique, car il contribuera à fournir une analyse scientifiquement fondée de la transformation des systèmes d’IG face aux nouvelles demandes sociétales vers des transitions agroécologiques. Il soutient aussi l’implication d’une nouvelle génération de jeunes chercheurs sur le sujet (après le récent départ à la retraite de la génération qui a dirigé ce domaine de recherche spécifique) avec une approche théorique transdisciplinaire innovante, renouvelée et actualisée et une communauté de recherche très active et dynamique au niveau international. Un autre bénéfice attendu du projet est de fournir, au-delà d’études de cas qualitatives, une consolidation des données existantes sur les IG actuellement gérées par différentes organisations, notamment via la création de l’observatoire économique conjoint INAO/INRAE des signes de qualité (géré par l’unité ODR de l’INRAE) impliquant FranceAgriMer, l’Agence Bio et le Ministère de l’Agriculture.
Implication du GRAPPE dans le projet
L’équipe de recherche GRAPPE participe à l’analyse de la diversité des modèles d’action collective et des régulations soutenant les IG viticoles en France et en Europe et avec une ouverture à l’international, en mobilisant le cadre IAD/SES d’Ostrom sur l’action collective (Ostrom 1990, McGinnis et Ostrom 2014). Nous nous basons plus particulièrement sur l’analyse d’études de cas dans les vignobles de la vallée de la Loire. Nous y menons une analyse de la gouvernance et de l’action collective pour identifier les stratégies de transition agroécologique au regard des ressources de l’écosystème et des facteurs du terroir. Une caractérisation des savoirs des acteurs est menée. Un travail pluridisciplinaire est mis en place pour identifier et recueillir les variables d’analyse ; il combine agronomie viticole, sociologie et économie. Nous sommes impliqués dans les ateliers et les réunions annuelles du projet ainsi que la synthèse et la dissémination. Un lien fort est fait avec nos activités d’enseignement de niveau Master (Master Vintage, Master Food Identity et Master of Science in Engineering).
- Financement : ANR, Région Pays de la Loire, INRAE, ESAContact GRAPPE : Cécile Coulon-Leroy c.coulon@groupe-esa.comPartenaires : INRAE UMR SADAPT (pilote), CIRAD UMR Innovation, VetAgroSup UMR Territoire, INRAE UMR SELMET, LER Université Lyon 2, ISARA Lyon, ESA Angers, INRAE LAE Colmar, INRAE ODR Toulouse