Contexte

La gestion des effluents d’élevage est au cœur du lien entre productions animales et végétales au sein d’un territoire. Or, l’équilibre entre production d’effluents et surfaces réceptrices exige souvent de dépasser l’exploitation, et de façon encore plus accrue dans les zones denses d’élevage. En effet, si les systèmes de polyculture élevage permettent théoriquement d’assurer un recyclage interne (à l’exploitation) entre les cultures et les animaux, rares sont en réalité ceux qui sont totalement autonomes et affranchis de toute importation d’intrants et/ou exportation d’effluents. De ce fait, des expériences de gestion collective des effluents ont vu le jour, certaines couronnées de succès, d’autres freinées dans leur dynamique en raison de difficultés, ou soldées par un échec et abandonnées. Elles restent dans tous les cas peu nombreuses et aucune méthode opérationnelle n’aide à ce jour leur implémentation sur le terrain.

Pourtant, une amélioration environnementale peut être attendue de leur mise en œuvre plus systématique (échanges entre exploitations, mise en œuvre mutualisée de procédés de « traitement » des effluents, parfois en interaction avec d’autres secteurs d’activité ou acteurs). L’organisation collective, en permettant l’interaction entre différents acteurs et territoires, optimise et accroit le recyclage. Le processus relève d’une économie circulaire, permet un bouclage des cycles (écologie industrielle) et réduit ainsi globalement les impacts environnementaux, tout en maîtrisant les incidences systémiques sur les coûts

Objectifs  du projet :  

Dans ce contexte, le projet ambitionne de produire des outils pour favoriser l’émergence et la mise en œuvre de solutions de gestion collective des effluents, qui améliorent la durabilité des élevages et de leur territoire. L’enjeu est de résoudre des problèmes d’excédents relatifs en éléments d’origine animale (N et P principalement), notamment en améliorant la qualité de l’eau, et également en participant à la production d’énergie renouvelable.

Les partenaires du projet sont conscients des différents freins à lever qui sont de nature technico-économique, sociologique et réglementaire. Le projet s’intéressera à tous les freins mais axera prioritairement ses apports sur les aspects technico-économiques. Les aspects sociologiques et réglementaires, sans garantir leur levée, seront abordés pour comprendre leur rôle dans la mise en œuvre d’une solution. Le projet analysera pour commencer les expériences passées de gestion collective des effluents d’élevage. Il s’agit de déceler les leviers et les freins, et d’identifier les critères de caractérisation des solutions de gestion collective des effluents qu’il convient de prendre en compte dans la mise en œuvre d’une solution pour qu’elle soit durable.

A partir de cela, des outils innovants seront produits : ressources documentaires sur les modalités de gestion des effluents et leur mobilisation dans une dimension collective, simulateur permettant de tester et d’évaluer la durabilité de solutions sur un territoire donné. Ils seront testés à l’échelle d’un territoire pilote en Pays de la Loire. La mobilisation des partenaires du territoire se fera dans une logique de co-construction via des ateliers co-design et une démarche de modélisation d’accompagnement avec la mobilisation des sciences participatives.

Implication du LARESS dans le projet :

Le LARESS participe à l’analyse d’expériences déjà conduites sur la gestion collective des effluents (lot 1). Il s’agit d’en analyser les leviers et les freins pour en extraire des indicateurs de caractérisation et d’évaluation de la durabilité de solutions de gestion collective des effluents qui seraient imaginées dans le présent projet (et au –delà). Sur le plan socioéconomique, l’objectif est de rendre compte des conditions d’engagement et de coopération des acteurs dans des collectifs. Il s’agit de mettre en évidence, les acteurs concernés par la solution de gestion collective, leur motivation, la mise en œuvre effective, ce qui a bien marché, les difficultés rencontrées et les enseignements tirés. Un focus particulier est réalisé sur deux expériences : une unité de méthanisation et un échange parcellaire.

Le LARESS participe également à l’accompagnement d’un territoire pilote dans la co-construction d’une solution collective de gestion des effluents (lot 3). Dans le cadre d’un processus de modélisation de l’accompagnement (ComMod), les sociologues impliqués dans le projet observent et analysent le déroulement du jeu de rôle mis en œuvre :  quels acteurs sont en interactions, quelle est la nature des discussions entre acteurs, quels sont les changements de pratiques et les résultats qu’ils produisent, quels sont les enseignements acquis par les participants. Ces données viennent compléter les données obtenues dans le lot 1 sur la motivation aux initiatives collectives.

Financement :

Projet financé par l’ADEME (AAP GRAINE 2017)

Coordinateur :

IFIP –  Institut du Porc

Contact LARESS : G. Anzalone

Principaux partenaires  : 

IFIP, Groupe ESA, ITAVI, IDELE, Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne, Chambre Régionale d’Agriculture des Pays de la Loire, INRAE (PEGASE, BAGAP), CIRAD, FRCUMA Ouest,  INSTITUT AGRO (UP SPA)

 

Durée du projet : 3 ans (juin 2020 – juin 2023)

 

Téléchargez la fiche projet